Ils sont issus du monde associatif, du secteur public, de l’entreprenariat. Leurs points communs : porter un projet à impact positif et le faire en s’appuyant sur une vision inspirante de la communication digitale. Chaque mois, la Maison 6 leur donne la parole !
[INTERVIEW] "Les Alchimistes, c'est aussi un plaidoyer pour le compostage !"
En ce drôle de mois de novembre, j’ai rencontré Foucauld Watine, co-fondateur des Alchimistes Hauts-de-France. Cette éco-entreprise lilloise propose une solution de compostage des biodéchets ultra performante, et défend une approche très militante et solidaire du digital. Petit compte-rendu de ce rendez-vous aussi pluvieux que passionnant !
Bonjour Foucauld Watine ! Pouvez-vous nous présenter le concept des Alchimistes ? Que faites-vous ? Que défendez-vous ?
Foucauld Watine : Les Alchimistes, c’est une solution de collecte et de valorisation par compostage des déchets alimentaires, en ville et pour la ville. Le concept a été créé en 2016 à Paris et depuis, il est décliné par des équipes locales qui l’adaptent aux particularités de chaque territoire. Il en existe 7 pour l’instant, dont la nôtre : Les Alchimistes Hauts-de-France.
Le principe est simple : nous collectons les déchets alimentaires en logistique douce (vélo ou véhicule léger), dans une logique de proximité, puis nous les transformons en compost en 4 à 6 semaines sur notre site pilote de Saint-Sauveur. Le processus est accéléré par l’utilisation d’un composteur électromécanique, qui nous permet aussi de traiter de plus gros volumes. Ensuite, en fin de cycle, le compost est revendu pour être utilisé dans les jardins et dans les espaces verts. Ce qui vient du sol retourne au sol !
Le déclencheur de notre action est le suivant : aujourd’hui en France, 70% des biodéchets sont encore détruits au lieu d’être revalorisés. C’est un énorme gaspillage. Il y a un vrai besoin de réorganiser le circuit de traitement de ces déchets pour changer ça. Le cadre légal va d’ailleurs évoluer en ce sens dans les années à venir. Pour l’instant, la loi de Transition Energétique pour la Croissance Verte impose aux professionnels qui produisent plus de 10 tonnes de biodéchets par an de les trier et d’assurer leur valorisation. Début 2023, ce seuil baissera à 5 tonnes par an… et fin 2023, tout le monde devra valoriser ses biodéchets, dès le premier kilo.
Pour l’instant, nous travaillons principalement avec des restaurateurs et professionnels des métiers de bouche, que nous aidons à préparer ce changement. Mais pas seulement : nos clients sont des gens engagés. Ils font appel à nous et nous payent parce que nous leur permettons de ne plus envoyer de ressources naturelles à l’incinérateur. Nous répondons à un besoin qui vient d’une prise de conscience écologique grandissante chez beaucoup de professionnels.
A côté de cette activité principale, nous développons aussi une offre à destination des particuliers. Dans plusieurs commerces partenaires, nous avons installé des bornes de collecte. Pour pouvoir y déposer leurs biodéchets, les gens s’inscrivent sur notre site. Nous demandons un engagement de six mois, et une contribution d’un euro par mois minimum. Une fois inscrits, nous leur remettons un bioseau qu’ils viennent ensuite vider régulièrement à la borne. Et en récompense de cet « effort », nous leur offrons du compost deux fois par an. L’idée avec cette offre là, c’est vraiment de proposer quelque chose d’incitatif. Ce n’est pas une activité directement rentable. En revanche, ça nous permet de sensibiliser le public, et aussi la collectivité en charge de la gestion des déchets sur le territoire (ici, la MEL). Ces bornes, elles montrent que nous sommes force de proposition et que nous avons des solutions à proposer.
Les Alchimistes proposent un vrai service de proximité, très concret et ancré au terrain. Vous êtes en même temps une entreprise très connectée, active sur Facebook, Instagram, Linkedin… Quels sont les enjeux de votre marketing digital ?
Foucauld Watine : D’abord, nous utilisons beaucoup nos réseaux pour valoriser l’engagement de nos clients et leur donner de la visibilité. Ce n’est pas le cas de tous, mais bon nombre d’entre eux sont contents de pouvoir montrer à leurs propres clients qu’ils travaillent avec nous et qu’ils sont dans une vraie démarche écoresponsable. Bien sûr, pour nous, montrer notre réseau a aussi un intérêt commercial. Tout le monde s’y retrouve, et les choses se font dans un état d’esprit vraiment sincère. Nous n’avons pas de clients qui veulent « juste s’afficher aux côtés d’une entreprise verte » mais de vrais partenaires, de toutes les dimensions, dont beaucoup nous soutiennent depuis le début. Du petit producteur à la grande chaîne de restaurants, on ne hiérarchise pas et on est heureux de montrer cette diversité.
Ensuite, nous nous efforçons de fédérer autour des Alchimistes une communauté d’early adopters. Ces premiers soutiens, solides et engagés par ailleurs dans l’écologie, jouent un rôle de relais de confiance et nous aident à poursuivre notre développement. Mais ce sont des liens qu’il faut cultiver et entretenir. Les réseaux sociaux fonctionnent particulièrement bien pour ça.
Enfin notre communication a un enjeu gobal, qui est probablement le plus important : nous voulons amener tout un chacun à réfléchir à sa production de déchets. Les Alchimistes ne veulent pas uniquement vendre des services. Nous menons aussi une action de plaidoyer en faveur du compostage, dans le but d’avoir un impact écologique positif. Si, grâce à nous, davantage de gens comprennent l’enjeu, on aura gagné beaucoup même si on ne leur vend rien. Ce sont des valeurs qui guident tous nos choix éditoriaux, et c’est beaucoup pour ça qu’on utilise autant les réseaux sociaux… Mais ce ne sont pas nos seuls outils : on organise par exemple des visites gratuites de notre site de compostage, ou d’autres actions comme la projection débat du film Kiss the ground qui est prévue très bientôt (mercredi 25 novembre à 17h30, NDLR).
Aujourd’hui, quels sont les prochains objectifs pour les alchimistes ?
Foucauld Watine : En 2021, nous voulons monter en charge, travailler à plus grande échelle et aussi trouver de plus gros clients. Dans le courant de l’année, nous allons déployer notre premier site micro-industriel. L’objectif à terme est d’en répliquer cinq sur le territoire métropolitain, afin d’être en capacité de répondre aux besoins de beaucoup plus de particuliers et de professionnels. Dans le même objectif, on a déjà fait l’acquisition d’un véhicule léger, qui va nous permettre de charger plus de flux en une seule fois. Notre communication digitale devra nous accompagner dans cette évolution, et nous aider à nous positionner comme un acteur crédible et efficace de la filière.